L’Union africaine n’a toujours pas mis en place les fonds au profit des victimes de l’ex-chef d’état tchadien Hissène Habré reconnu coupable de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de torture et condamné à perpétuité par les chambres extraordinaires dans un procès historique qui s’est tenu au Sénégal en mai 2016. Quatre ans après, les organisations de défense des droits humains appellent l’organisation continentale à respecter les décisions de justice afin que les victimes puissent enfin recevoir des réparations pour ce que nous avons souffert.
Les victimes de Habré se sont battues sans relâche pendant 25 ans pour traduire en justice Hissène Habré et ses sbires, et se sont vu accorder des millions de dollars d’indemnisation mais à ce jour elles n’ont pas reçu un seul centime de ces réparations, a déclaré Jacqueline Moudeina la principale avocate des victimes de l’ex-président tchadien Hissène Habré.
Selon le conseil des victimes du régime de Habré, beaucoup de victimes qui ont remporté ces victoires historiques sont dans une situation désespérée et dans le plus grand besoin.
En mai 2016 au Sénégal, Hissène Habré a été condamné à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture notamment pour des faits de violences sexuelles et viol par les chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises.
En 2017 lorsque la condamnation a été confirmée par une chambre d’appel, l’Union africaine avait été mandatée pour mettre en place un fonds fiduciaire pour réunir les 82 milliards de FCFA nécessaires pour indemniser les victimes. L’organisation africaine doit notamment rechercher les avoirs de Habré et solliciter des contributions volontaires.
En février 2020, le président de la commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat avait promis la tenue très bientôt d’une conférence de mobilisation des ressources pour alimenter ce fonds qui doit revenir pour quelque 7396 victimes identifiées.
Le temps que mettent les choses à se concrétiser indigent les victimes qui se sont battues des années durant pour traduire Hissène Habré en justice. La lenteur observée dans cette affaire met également à mal les organisations de défenses des droits humains dont Amnesty International qui rappelle la nécessité d’indemniser les victimes de Habré pour continuer à donner l’exemple de la justice africaine qui condamne ses « criminels » car le procès de Hissène Habré est le seul où les tribunaux d’un Etat ont condamné un ancien dirigeant d’un autre Etat pour des violations de droits humains. Ce procès historique et exceptionnel a été considéré pour beaucoup d’observateurs comme un tournant décisif pour la justice en Afrique.
Seydi Gassama, le directeur exécutif d’Amnesty International au Sénégal revient sur la non satisfaction des victimes du régime de Habré depuis maintenant plusieurs années.