Un député béninois de l’Union progressiste (UP) a déclaré ce week-end dans une émission en ligne qu’il n’avait pas connaissance du candidat pour lequel son parti a attribué sa signature de parrainage. Cette intervention de l’élu béninois dans le nord suscite une avalanche de réactions et donne raison à l’opposition qui n’a cessé de dénoncer ce système instauré par le régime Talon au pouvoir depuis 2016.
Dans sa déclaration, l’honorable Affo Ahmed Tidjani a expliqué, en substance, qu’après avoir signé son formulaire de parrainage puis rendu au chef de son parti il n’a plus connaissance du candidat qui a recueilli sa signature. Le député, qui s’apprêtait à parrainer Reckya Madougou, la candidate des Démocrates soupçonne son parti d’avoir remis son parrainage à un autre candidat sans son accord. Son intervention jette ainsi le discrédit sur le système de parrainage qu’une bonne partie des béninois continue de remettre en cause. Mais pour l’analyste politique béninois Félicien Fagnon, cette sortie n’est pas digne d’un député. Il n’y a pas de cohérence dans ce qu’il disait. Et je pense que celui-là ne mérite pas d’être député en réalité. Vous savez il y a environ 4 ans ou cinq ans, le député avait eu la même attitude avec son ancien parti et on l’a viré. Il a maintenant adhéré à la mouvance présidentielle et le voilà en train de faire la même chose. Je crois simplement que sa déclaration manque de logique, a estimé le journaliste béninois. La sortie est plutôt pleine de sens, fait observer Franck Oké, juriste béninois basé à Cotonou. L’honorable Affo à l’origine de cette mise à nu du système a fait preuve de courage pour dénoncer un fait inacceptable du point de vue de la loi au Bénin. Au-delà de courage il a fait preuve de témérité dans un contexte où tout le monde a peur de parler. Le code électoral actuellement veut que 10 pour cent des élus majeurs du peuple, c’est-à-dire les maires et les députés parrainent individuellement le candidat de leur choix. Alors si un parti politique décide de récupérer les formulaires tels que le député en question le dit lors de sa sortie, il y a une violation du principe de l’indépendance du député et surtout de son mandat qui n’est pas un mandat impératif. C’est un élu du peuple.
Des semaines avant l’ouverture officielle des dépôts de candidatures pour la présidentielle, les autorités ont rassuré que le parrainage des candidats sera volontaire sans contraintes et surtout dans la confidentialité. Désormais cette assurance est remise en cause au grand bonheur des opposants béninois qui n’ont cessé d’accusé le président candidat Patrice Talon de choisir lui-même ses propres adversaires.